les Moulins de Saint Jean

Situés dans la baie de La Ciotat - St Cyr sur un promontoire rocheux connu sous le nom de "cap des moulins" se trouvent les restes de trois moulins à vent dont l'origine semble pouvoir remonter au XI° siècle, seules des fondations restent de cette époque, l'un des moulins est encore actuellement en état de fonctionner, il reste d'un autre la tour et d'un troisième les fondations.


On trouve également trace sur les cartes marines des moulins dés le XVII° siécle; il fonctionnaient et celui qui reste visible sert encore de repére à la navigation cotiére (amer).

Nous nous intéresserons particulièrement ici à celui dont l'état nous permet d'avoir une idée de ce que représentait le moulin dans la société de l'époque. La partie apparente de ce moulin a été reconstruite sur les ruines du moulin précédent, détruit semblerait il par un incendie au XVI° siècle,


LE ROLE DU MOULIN EN PROVENCE

Les cultivateurs faisaient eux-mêmes leur pain. Après avoir prélevé sur leur récolte la quantité de blé nécessaire, ilsla donnaient à moudre. Inutile même qu'ils se dérangent. A des jours déterminés un gros grelot suspendu au collier du cheval annonçait dans les rues la charrette du meunier. On pesait, puis on chargeait le grain qui était aussitôt transporté à la fontaine, derrière la tour, pour y être lavé dans de grandes "piles". Puis on le remettait en sac, et c'est au moulin qu'on l'étendait pour sécher, sur de vastes aires à carreaux rouges abritées par des petits murs. De nouveau, ensuite, il gonflait des sacs tellement entassés parfois le long de l'escalier, à l'intérieur du moulin, qu'à peine pouvait-on s'y glisser jusqu'aux meules. Au fur et à mesure des besoins, on hissait les sacs et on vidait le grain dans la trémie...

(d'après Hyacinte Bellon)

Carte ancienne montrant la position des deux moulins sur la butte à droite.

LE MOULIN


Les sites sont toujours comparables : comme les quatre moulins des Alpilles, le moulin de La Petite-Mignarde, au nord d'Aix-en-Provence, entre Les Platanes et Les Logissons, il s'élève sur un mamelon rocheux battu des vents.

A quelques mètres du moulin on repère aisément sur les gravures anciennes et les cartes postales, l'aire dallée et une dépendance construite qui servit de boulangerie.

La tour du moulin est un cylindre de pierre presque aussi large que haut. L'épaisseur de la construction atteint à la base un mètre, elle est faite d'un blocage de pierre, seuls étant appareillés les cadres des portes et des autres ouvertures, un enduit au mortier de chaux a pu recouvrir irrégulièrement sauf les pierres d'appareil. Le moulin de StJean n'a qu'une porte, surmontée d'une fenêtre, une autre fenêtre étant diamétralement opposée; les unes et les autres étant encadrées d'un appareillage en pierres. Ces ouvertures sont orientées dans la direction des deux vents principaux le Marin et le Mistral, il est donc probable que, lorsque l'un d'eux soufflait, on devait condamner une porte et/ou une fenêtre.

LA STRUCTURE INTERNE

Elle reprend en chacun des moulins un schéma précis apparemment immuable en Provence: dès le seuil, un petit mur de deux mètres environ de largeur, à main droite joue à la fois le rôle de pilier et de cloison. Pour le nommer exactement nous pouvons l'appeler "pilier de refend", il est le "pivot" de l'organisation de l'espace intérieur du moulin :

- il forme et ferme la cage de l'escalier qui monte à droite de l'entrée,

- il sert de support aux poutres de la chambre des meules,

- il sépare le "dessous d'escalier" sans fonction apparemment déterminée (remise ou coin de repos du meunier) où l'on pénètre par une porte symétrique de l'accès à l'escalier et l'espace laissé libre pour entreposer momentanément grain ou farine et outillage secondaire.

Il semble que cette organisation de l'espace interne soit liée, en Provence, à la pénurie de bois d'œuvre : nulle part on ne voit de pièce remarquable, pas plus que les courtes sommières (support des meules), le rouet ni l'arbre ne sont des œuvres d'imposantes dimensions : il en est de même pour les verges des ailes dont on peut supposer la section (mortaise de la tête de l'arbre) et la longueur (distance de cette tête jusqu'au sol).

La chambre de la meule occupe donc l'étage sous le comble.

LE CHAPEAU

Le chapeau conique, au diamètre de base nettement inférieur à celui de la tour contribue à donner au moulin provençal sa silhouette originale qui l'apparente si fort à certains moulins méditerranéens, mais surtout aux moulins portugais. C'est un cône formé par quatre arbalétriers disposés en croix et maintenant des pannes circulaires à trois niveaux différents. Sa couverture est formée de longues lattes (bardeaux) dont le joint est recouvert par un liteau (couvre-joint). Elle se termine par un poinçon ou épi de faîte qui s'achève en une girouette de fer.

Les eaux pluviales glissant sur la toiture sont recueillies dans une gouttière circulaire creusée dans les pierres régulières qui forment la couronne de la tour, çà et là un petit canal également creusé dans la pierre rejette l'eau à l'extérieur, elle glisse contre le mur en une dizaine de points. Ainsi, le chapeau, tout en remplissant cette fonction et celle primordiale de porter et maintenir le système moteur, voit-il ses proportions établies de façon à offrir le moins de résistance possible aux vents violents de Provence et évacuer rapidement les eaux des orages méditerranéens. Cette réduction du toit n'est sans doute pas sans rapport avec la pénurie de bois déjà soulignée.